24 avril 2009
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Un jour, en relisant un roman de Gaston Leroux, (vous savez .. Rouletabille !.. entre autres), je suis tombée sur un passage qui n'avait rien à voir avec l'histoire mais qui ressemblait plutôt à un conte merveilleux .. que je voulais partager avec vous .. |
Pour Edith .. il n'était rien de plus beau sur la côte que les jardins de Babylone .. "Ils nous paraissent d'autant plus beaux, qu'on ne peut les voir que de loin."
Elle y avait pénétré, comme par mégarde, par-derrière, en poussant une barrière qui faisait communiquer directement ces jardins avec la montagne. Elle avait marché d'enchantement en enchantement, mais sans être étonnée. Quand on passait sur le bord de la mer, ce que l'on apercevait des jardins de Babylone l'avait préparée aux merveilles dont elle violait si audacieusement le secret. Elle était arrivée auprès d'un petit étang, tout petit, noir comme de l'encre, et sur la rive duquel se tenaient un grand lis d'eau et une petite vieille toute ratatinée, au menton en galoche. En l'apercevant, le grand lis d'eau et la petite vieille s'étaient enfuis, celle-ci si légère, qu'elle s'appuyait pour courir sur celui-là comme elle eût fait d'un bâton. Edith avait bien ri. Elle avait appelé : Madame ! Madame !.. Mais la petite vieille n'en avait été que plus épouvantée et elle avait disparu avec son lis derrière un figuier de Barbarie. Edith avait continué sa route, mais ses pas étaient devenus plus inquiets. Soudain, elle avait entendu un grand froissement de feuillages et ce bruit particulier que font les oiseaux sauvages quand, surpris par le chasseur, ils s'échappent de la prison de verdure où ils se sont blottis. C'était une seconde petite vieille, plus ratatinée encore que la première, mais moins légère, et qui s'appuyait sur une vraie cane à bec-de-corbin. Elle s'évanouit, c'est à dire qu'Edith la perdit de vue au détour du sentier. Et une troisième petite vieille appuyée sur deux canes surgit encore du mystérieux jardin, elle s'échappa du tronc d'un eucalyptus géant, et elle allait d'autant plus vite qu'elle avait, pour courir, quatre pattes, tant de pattes qu'il était tout à fait étonnant qu'elle ne s'y embrouillât point. Edith avançait toujours. Et ainsi elle parvint jusqu'au perron de marbre habillé de roses de la villa, mais, la gardant, les trois petites vieilles étaient alignées sur la plus haute marche, comme trois corneilles sur une branche, et elles ouvrirent leurs becs menaçants d'où s'échappèrent des croassements de guerre. Ce fut au tour d'Edith de s'enfuir. extrait du roman "Le parfum de la dame en noir". à vendredi prochain, pour une nouvelle lecture .. |
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Published by Oma Annick
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dans
Contes